« Valour Road » à Winnipeg
« Valour Road » , une rue de trois kilomètres dans le quartier West End de Winnipeg, au Manitoba, était autrefois connue sous un autre nom : Pine Street. En 1925, elle est rebaptisée pour commémorer les exploits extraordinaires de trois hommes qui ont vécu à différents endroits le long de la route. Tous trois reçoivent une Croix de Victoria pendant la Première Guerre mondiale pour leurs actions courageuses.
L'un de ces trois jeunes hommes, Sergent Frederick Hall, a perdu la vie lors de la seconde bataille d'Ypres en sauvant un camarade blessé. En 1914, Hall rejoint le 106e Régiment, Winnipeg Light Infantry, puis est transféré au 8e Battalion, Canadian Expeditionary Force, affilié au 90e Winnipeg Rifles. Hall s'entraîne au Camp Valcartier au Québec avant de partir pour l'Angleterre. En 1915, il est promu sergent-major de compagnie et envoyé en Flandre. Le bataillon de Hall participe à la deuxième bataille d'Ypres à la fin d'avril 1915. Pour la première fois, des gaz toxiques sont utilisés à grande échelle.
Dans la nuit du 24 avril 1915, Hall entend son compagnon d'armes, le soldat Arthur Clarkson, crier à l'aide alors qu'il meurt à quinze mètres de la tranchée. Bien que s'aventurer dans le no man's land sous les tirs perpétuels de l'ennemi était souvent mortel, Hall n'hésite pas à agir rapidement. Le même jour, il avait déjà couru à deux reprises pour sauver deux hommes blessés d'une mort certaine.
Lors de sa première tentative pour sauver Clarkson, Hall est assisté par deux autres hommes. La tentative échoue lorsque ces derniers bléssés retournent dans la tranchée. Hall cependant refuse d'abandonner. Il réessaye, seul cette fois. Il atteint Clarkson, mais alors qu'il soulève le soldat du sol, Hall reçoit une balle dans la tête. Les deux hommes sont morts. Hall reçoit à titre posthume la Croix de Victoria pour ses actes altruistes et intrépides. Sa mère accepte la médaille en son nom.
Caporal Leo Clarke, un athlète talentueux travaillant comme arpenteur, est le deuxième des trois héros de la rue Pine. En 1914, Clarke s'enrôle dans le 27e bataillon de Winnipeg, Corps expéditionnaire canadien, et il est envoyé en France l'année suivante. Dès qu'il en a l'occasion, Clarke demande à être transféré au 2e Bataillon, Corps expéditionnaire canadien, pour rejoindre son frère Charlie en tant que bombardier (bombes Mills, c'est-à-dire des grenades). Clarke est reconnu pour ses excellentes compétences et est promu officier subalterne.
En septembre 1916, le 2e bataillon entre dans la bataille de la Somme en France. Sous les tirs incessants de l'ennemi, ils reçoivent l'ordre de capturer et de sécuriser les tranchées ennemies afin de préparer la voie pour leurs compagnons d'armes. Le flanc de Clarke subit le pire des combats et la plupart des soldats de son unité sont tués ou blessés. Incapables d'aider, il ne reste plus que lui.
Armé uniquement d'un pistolet - Clarke avait épuisé toutes ses grenades - il continue à sécuriser la tranchée. Deux officiers ennemis à la tête d'un groupe de 20 hommes attaquent, mais Clarke riposte vaillamment. Malgré une blessure à la baïonnette au genou, Clarke tire avec son pistolet parvenant à tous les tuer, à l'exception d'un soldat qu'il fait prisonnier.
Après avoir réussi à surmonter des obstacles écrasants, Clarke est promu sergent et reçoit ensuite la Croix de Victoria pour sa « bravoure la plus remarquable ». À peine quelques semaines plus tard, Clarke est gravement blessé par les obus de l'artillerie ennemie et succombe à ses blessures le 19 octobre 1916.
Le troisième, Robert Shankland, est un immigrant écossais qui déménage à la rue Pine en 1911. Shankland est l'un des nombreux jeunes Canadiens qui se précipitent pour s’enrôler lorsque la guerre éclate. Il fait partie du 43e Bataillon du Corps expéditionnaire canadien (Cameron Highlanders of Canada) et est envoyé en Grande-Bretagne avec le reste du bataillon en juin 1915.
Une fois en Angleterre, Shankland est promu sergent-major de compagnie. Il fait preuve d'un immense courage au Bois du Sanctuaire en Belgique, où il dirige les brancardiers vers les blessés sur le champ de bataille. Pour cela, on lui remet la Médaille de conduite distinguée et il est promu au grade de lieutenant.
En 1917, Shankland se retrouve en première ligne lors de la sanglante bataille de Passchendaele. Le 43e bataillon reçoit l'ordre de capturer les tranchées ennemies le long de l'éperon Bellevue alors même que les tirs allemands ont causé d'innommbrable morts parmi les soldats qui les ont précédés. Shankland prend la tête une fois de plus et encourage son peloton à résister aux tirs ennemis même si beaucoup de ces hommes sont blessés ou tués. Après avoir obtenu une position défendable, Shankland se rallie à des renforts et poursuit son avance. L'attaque de Shankland s'avère fructueuse ; il fait reculer les soldats allemands. Shankland reçoit la Croix de Victoria pour son leadership lors de cet engagement avec l'ennemi.
Des trois hommes de la rue Pine à Winnipeg, Shankland est le seul à avoir survécu à la guerre. En 1925, il assiste à la cérémonie de changement de nom de « Pine Street » en « Valour Road ». Shankland a ensuite servi outre-mer pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est mort en 1968.
Pour en savoir plus sur « Valour Road » et les hommes qui ont habité ce coin de Winnipeg, regardez l'épisode des Minutes du patrimoine « Valour Road » (Historica Canada).
Photo principale: La murale de Valour Road à l'intersection de l'Avenue Ellice et « Valour Road », Winnipeg, Manitoba (Crédit : Histoire de la guerre en ligne).