Avro Arrow
Lorsque le premier ministre John Diefenbaker a mis fin de façon inattendue au projet Avro Arrow le 20 février 1959, également connu sous le nom de « Black Friday », il a suscité l'indignation des Canadiens. Une manifestation a eu lieu à Toronto et la réputation de Diefenbaker a été ternie. Comment expliquer l'enthousiasme des Canadiens pour ce projet?
Au début des années 1950 - au milieu de la guerre froide entre les États-Unis d'Amérique et l'Union soviétique (URSS) - le réarmement après la Seconde Guerre mondiale figurait parmi les priorités du Canada. Alors, il s'est tourné vers AV Roe Canada pour remplacer le CF-100, un avion de chasse rendu obsolète. Le pays avait besoin d'un avion plus rapide et plus maniable car il était inquiet que des bombardiers soviétiques atteignent l'Amérique du Nord via l'Arctique. L'Aviation royale canadienne a participé activement à l'élaboration du programme et a défini les critères clés du nouvel avion : vitesse, vol longue distance et résistance aux conditions arctiques.
Un prototype a été dévoilé à un public impressionné à Toronto en 1957 – l'Avro Arrow CF-105 était né. Vingt-six mètres de long avec une envergure de 15 mètres, une vitesse de pointe de 2 453 kilomètres à l'heure et une vitesse de montée de 15 240 mètres en 4 minutes et 24 secondes - les spécifications techniques de l'Arrow étaient impressionnantes pour l'époque vu que les jets supersoniques commerciaux ( tel que Concorde) mettraient encore une décennie avant d’être commercialisés. De plus, l'Arrow était équipé d'un système de contrôle électronique informatisé au lieu de commandes de vol manuelles. Avec ce nouvel avion de haute technologie, l'aviation canadienne a atteint des niveaux de perfection inégalés.
Pour créer une telle technologie de pointe, l'Arrow nécessitait des ingénieurs et des techniciens qualifiés qui à leur tour ont enrichi l'industrie aéronautique du Canada avec de nouvelles compétences et de l'innovation. Le changement a également entraîné une croissance et une diversification industrielle et a créé des milliers d'emplois. Les vertus du projet signifiaient que la plupart des Canadiens n'étaient pas découragés par son coût élevé et l'Arrow s'est avéré populaire.
Depuis l'annulation du programme, de nombreuses théories ont été avancées pour expliquer la décision de Diefenbaker. En 1959, le monde n'était plus le même. L'URSS avait lancé Spoutnik et l'attention s'est tournée vers un nouveau danger soviétique : le missile balistique intercontinental (ICBM). L'Arrow n'était pas adapté pour contrer les missiles et n'était donc plus adapté aux besoins de défense du Canada. Alors que certains ont blâmé l'influence américaine pour l'arrêt du programme, beaucoup ont évoqué le coût astronomique du projet. Non seulement était-il problématique car cela pesait lourdement dans le budget fédéral de la défense, mais cela limitait le montant d'argent disponible pour le développement de l'ICBM.
Une fois le projet abandonné, les aspirations du Canada à devenir un chef de file dans le domaine de l'aviation et de la technologie militaire ont été anéanties. Environ 25 000 personnes ont perdu leur emploi et bon nombre des meilleurs ingénieurs sont partis aux États-Unis et ont contribué auProgramme Apollode la NASA. Pendant ce temps, Diefenbaker a approuvé le développement des missiles Bomarc qui s'est avéré être un autre choix controversé (voir notre article de Bomarc).
Le gouvernement fédéral a ordonné la destruction de tous les éléments relatifs à l'Arrow, y compris les cinq prototypes opérationnels, les documents, l'équipement et les plans. Heureusement cependant, quelques morceaux de souvenirs ont été conservés. Un morceau du nez, des moteurs et des bouts d'ailes sont précieusement conservés dans la collection du Musée canadien de l'aviation et de l'espace.
Voir cet article d'AVRO Arrow par l'Encyclopédie canadienne ou explorez les archives de Radio-Canada pour regarder des extraits de nouvelles et d'émissions de radio portant sur l'Arrow.
Photo principale: L'un des avantages du projet Avro Arrow est qu'il a créé des milliers d'emplois pour les Canadiens. (Source : Musée canadien de l'aviation et de l'espace)
Sources:
Campagna, Palmiro. The Avro Arrow: For the Record. Toronto : Dundurn Press, 2019.
Musée de l'aviation et de l'espace du Canada. « Avro Canada CF 105 Flèche 2 ». Consulté le 19 mai 2021. Avro Canada CF-105 Flèche 2 | Musée de l'aviation et de l'espace du Canada (ingeniumcanada.org)
Piesing, Mark. « The Record-Breaking Jet Which Still Haunts a Country. »BBC, 16 juin 2020.
Story, Donald et Russell Isinger. « The Origin of the Cancellation of Canada’s Avro CF-105 Arrow Fighter Program: A Failure of Strategy. »Journal of Strategic Studies 30, n° 6 (2007) : 1025-150.