En mars 1942, le premier ministre William Mackenzie King déclare que « des officiers de la marine canadienne sont portés à croire que d'ici quelques mois, des sous-marins pourraient bien opérer dans le golfe, et même dans le fleuve Saint-Laurent ». Les paroles de King s'avèrent vraies peu de temps plus tard lorsque des sous-marins allemands pénètrent dans les eaux canadiennes en mai. Ainsi, la Seconde Guerre mondiale arrive aux portes du Canada.
Au cours des cinq mois suivants, de mai à octobre 1942, plus de 70 000 tonnes de cargaisons sombrent dans les eaux du golfe du Saint-Laurent en raison des sous-marins allemands. La première attaque a lieu dans la nuit du 11 mai lorsqu'un sous-marin non identifié torpille le SS Nicoya, un transporteur de matériel de guerre, qui n'était qu'à 600 kilomètres au nord-est de la ville de Québec. À peine quelques heures plus tard, le SS Leto est également coulé, faisant dix-huit morts au total.
À l'époque, le port canadien le plus important est celui de Montréal ce qui signifie que tous les navires et convois suivent un itinéraire prévisible le long du fleuve Saint-Laurent et à travers le golfe. Les sous-marins allemands profitent de cette prévisibilité et augmentent leur efficacité en se rassemblant et s'en prenant aux convois avant qu'ils n'atteignent des eaux plus profondes. Par conséquent, les navires alliés coulent les uns après les autres. Le sous-marin U-517est responsable de la majorité des victimes.

Une affiche en temps de guerre encourageant les Canadiens à acheter des timbres de guerre. (Source : Bibliothèque et Archives Canada)
Pour la première fois, la guerre ne semble pas aussi lointaine aux Canadiens. La menace nazie est réelle et à leur porte. Les Canadiens, et les Québécois en particulier, craignent que le Canada ne soit pas suffisamment protégé.
Les attaques continuelles affaiblissent le moral malgré les tentatives de la Marine royale canadienne (MRC) d'apporter une protection aux convois autant que possible. Les grenades sous-marines de l'Aviation royale canadienne (ARC) ne suffisent pas non plus à arrêter les sous-marins dont la présence dans le Golfe réduit le nombre de convois à destination d'Europe. Ceci diminue la quantité de matériel de guerre qui atteint l'Europe. Après une série d'attaques début septembre (dont notamment le naufrage du NCSM Raccoon), la voie navigable est temporairement fermée à la navigation transatlantique.
En 1942, les attaques allemandes culminent avec le naufrage du SS Caribou, un traversier civil reliant Sydney, en Nouvelle-Écosse, à Port aux Basques, au Québec. Le dragueur de mines accompagnant le traversier, le NCSM Grand-mère, aperçoitU-69au moment où il torpille leCaribou le 14 octobre. En moins de trois minutes, le navire disparaît dans l'eau. Des femmes et 11 enfants figurent parmi les 137 victimes de cette attaque.

Voici U-190. C'est l'un des nombreux sous-marins allemands qui sillonnaient le golfe du Saint-Laurent en 1942. (Source : Bibliothèque et Archives Canada)
Les cinq sous-marins dans la région partent par la suite, mettant fin au affrontements de 1942, mais pas à la bataille du Saint-Laurent. Les sous-marins allemands finissent par revenir et continuent à faire des morts. Le dernier épisode majeur de la bataille a est le naufrage du NCSM Shawinigan en 1944 et ses 91 morts - la perte de vie la plus considérable subie par la MRC
Pour plus de détails concernant la bataille du Saint-Laurent et les différents sous-marins et navires de guerre impliqués.
Photo principale: U-889 lorsqu'il se rend à la MRC en 1945. (Source : Bibliothèque et Archives Canada)
Sources:
Gouvernement du Canada. « La menace de l'intérieur : le SS Caribou a coulé pendant la bataille du Saint-Laurent il y a 78 ans. » Dernière modification le 26 janvier 2021. Nouvelles de la Marine | La menace de l'intérieur : le SS Caribou coulé pendant la bataille du Saint-Laurent (forces.gc.ca)
Iarocci, Andrew et Jeffrey Keshen. Une nation en conflit : le Canada et les deux guerres mondiales. Edité par Colin Coates. Toronto : Presses de l'Université de Toronto, 2015.
McNaught, Jack. « La bataille du Saint-Laurent ». le magazine Maclean's, 1er novembre 1949.
Anciens Combattants Canada. « La bataille du golfe du Saint-Laurent ». Série Souvenir, 2005.