Élection de 1917 : Loi sur le service militaire
Lorsque les Canadiens se sont rendus aux urnes le 17 décembre 1917, ils se sont rendu compte que leurs votes pouvaient potentiellement influer sur l'issue de la Première Guerre mondiale. S'ils soutenaient le gouvernement unioniste du premier ministre Robert Borden, ils voteraient en faveur du Loi sur le service militaire, les jeunes hommes seraient enrôlés pour le service et beaucoup seraient envoyés outre-mer pour combattre. Si les Canadiens votaient plutôt pour les libéraux de Laurier, le Corps canadien serait moins en mesure d'aider la Grande-Bretagne et ses alliés à gagner la guerre. Cependant, de nombreux jeunes hommes pourraient rester chez eux au Canada.
¹ Le gouvernement « unioniste » était composé de députés favorables à la conscription. Il s’agissait d’un groupe de conservateurs, d’indépendants et de libéraux partageant les mêmes idées et qui n’étaient pas d’accord avec Laurier et Bourassa.
Quand BordenLoi sur le service militaireest devenue loi quelques mois seulement avant le vote de décembre. Des manifestations anti-conscription ont été déclenchées au Québec et certains conservateurs ont commencé à ridiculiser les Canadiens français, ainsi que d'autres qui n'étaient pas d'accord, en les qualifiant d'hommes de main du Kaiser. Tout au long de l'automne 1917 et jusqu'au printemps 1918, la question de la conscription a continué de diviser les gens à travers le pays. En fait, un fossé s'est creusé entre le Canada français et le Canada anglophone, qui existe encore aujourd'hui.
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Lorsque le Canada est entré en guerre en 1914, Borden avait assuré aux électeurs que son gouvernement n'appliquerait pas la conscription. Cependant, lors d'une visite sur le front occidental, il a changé d'avis après avoir parlé à des soldats et à des amputés. Il a décidé que le fardeau de la guerre devrait être partagé par tous les Canadiens.
". . . Je ne saurais trop insister sur ma conviction qu'un grand effort reste à faire aux nations alliées si nous voulons gagner cette guerre . . . "
– Premier ministre Robert Borden, Discours à la Chambre des communes le 18 mai 1917
Ce discours fait suite à son retour de Grande-Bretagne et de France. Avant la fin de cet été, la loi sur le service militaire serait promulguée. Pour l'intégralité du discours, cliquez sur ici.
Réalisant qu'il y aurait une résistance à son plan, Borden a tout mis en œuvre pour assurer une victoire à son parti le jour des élections. Une de ses créations, le Loi sur les élections en temps de guerre, a retiré le vote à tout immigrant arrivé au Canada depuis 1902 et né dans un pays ennemi. De plus, toutes les femmes apparentées aux soldats canadiens et les infirmières militaires étaient émancipées (et avaient le droit de vote). Ces deux changements devaient fausser le vote en diminuant le risque de votes antisyndicaux de la part des immigrants récents dans le premier cas, et en augmentant les votes pro-unionistes des femmes qui voulaient ramener leurs proches à la maison après la bataille (les conscrits les remplacerait à l'étranger) dans ce dernier. En ce qui concerne le droit de vote accordé à certaines femmes, c'était la première fois qu'elles étaient émancipées au niveau fédéral, et c'était fantastique, cependant, il y avait des arrière-pensées dans le raisonnement derrière la décision du gouvernement. Quoi qu'il en soit, c'était un pas en avant pour les femmes et avant la fin de 1918, toutes les femmes seraient émancipées (mais cela ne s'appliquait pas aux autochtones, aux femmes métisses ou aux hommes).
Un autre geste astucieux du Premier ministre Borden a été le Loi sur les électeurs militaires. Cette loi permettait au soldat votant ou au gouvernement d'appliquer le bulletin de vote à n'importe quelle circonscription canadienne à l'échelle nationale, peu importe d'où venait chaque soldat respectif. Le gouvernement Borden pouvait désormais appliquer les votes là où ils étaient le plus nécessaires.
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Une fois que tous les votes ont été compilés, il a été constaté que quatre-vingts pour cent des soldats sur la ligne de front ont voté en faveur du gouvernement de Borden (pour la conscription). De retour au Canada, l'appui au gouvernement Borden a montré un avantage de 21 à 10 dans les provinces maritimes, un balayage de 41 à 1 dans les provinces de l'Ouest, ainsi qu'en Ontario et au Manitoba : les unionistes ont dépassé les libéraux 88 à 9. Même si les libéraux ont écrasé Du côté de Borden à Québec (62-3), l'élection n'était pas du tout serrée et la conscription aurait lieu au Canada. Des mois plus tard, lorsque le premier des 24 000 conscrits canadiens est arrivé en France, ils ont été raillés par les anciens combattants et se sont montrés froids.
Avant de prendre sa retraite en 1920 et de passer le manteau de leadership à Arthur Meighen, Borden a promulgué d'autres lois notables (impôt sur le revenu en 1917, suffrage universel pour les femmes en 1918) et en 1919, il a négocié avec la Grande-Bretagne et les États-Unis et a obtenu le droit pour le Canada de participer en tant que puissance « mineure » à l'élaboration du traité de Versailles.
Pour en savoir plus sur les élections de 1917, y compris les préparatifs et les séquelles, visitez le sitel'Encyclopédie canadienne.
Pour un microcosme illustrant l'interaction entre les parties adverses (à Kitchener, ON), veuillez consulter cet article de TVO (18 décembre 2017) : «Un regard sur l'une des campagnes électorales fédérales les plus laides de l'histoire du Canada».
Photo principale: Diverses affiches unionistes de l'élection de 1917 (Crédit : LAC via Radio-Canada).