Raids des Fenians
Lors des raids féniens de 1866 à 1871 des immigrants irlandais américains ont tenté d'envahir le Canada pour assurer son indépendance des Britanniques. Des foules irlandaises armées ont traversé la frontière et attaqué les troupes canadiennes dans le cadre d'un plan complexe visant à prendre le contrôle du Canada afin de négocier avec la Grande-Bretagne pour l'indépendance de l'Irlande en échange du Canada. Les gouvernements britannique et canadien ont riposté, entraînant des pertes des deux côtés de la frontière.
Entre 1820-60, près de deux millions d'Irlandais immigrent en Amérique, beaucoup d'entre eux fuient pour échapper à la Grande Famine (1845-49). De plus, une dépression économique produite par la dure domination britannique contribue à une famine massive, à des conditions de vie brutales et à des décès à travers l'Irlande. Des milliers et des milliers d'Irlandais endeuillés cherchent une vie meilleure. Ils décident de quitter leur patrie et un pourcentage élevé des immigrés s'installent en Amérique. Dans le cadre de leur allégeance à cette nouvelle vie et citoyenneté, beaucoup participent à la guerre de Sécession (1861-1865). Au fil du temps en Irlande, divers mouvements indépendantistes apparaissent occasionnellement avant d'être agressivement écrasés par les Britanniques. Cela rend les Irlandais-Américains furieux car ceux-ci tiennent aux valeurs et à la culture traditionnelle qui font partie de leur identité. En conséquence, ils cherchent des moyens de soutenir le mouvement d'indépendance irlandais alors que leur estime de la Grande-Bretagne continue de se dégrader.
En réponse au comportement des Britanniques, James Stephens crée l'Irish Republican Brotherhood à Dublin le 17 mars 1858. [1]. Peu de temps après, la branche américaine est formée (1859) et nommée la Fraternité des Fenians après Fianna Eireann les anciens guerriers irlandais. Bon nombre des membres américains sont des vétérans de la guerre de Sécession et utilisent leur expérience pour planifier et organiser des attaques militaires contre le Canada. Leur objectif était de saisir le contrôle de la province britannique du Canada et de l'utiliser comme monnaie d'échange lors des négociations pour la libération de l'Irlande. Il y a aussi une minorité de fenians irlandais canadiens qui soutiennent l'indépendance irlandaise et apportent leur soutien à leurs co-conspirateurs américains en aidant à coordonner les attaques. Cependant, des rumeurs concernant les divers plans des Fenians parviennent aux oreilles des responsables canadiens et britanniques. Ils décident d'insérer des espions au sein de la confrérie pour surveiller les fenians.
Les Fenians attaquent pour la première fois en avril 1865. Ils ciblent une île de l'actuelle Nouvelle-Écosse, mais les Britanniques sont prêts et réagissent rapidement. Pendant l'attaque, les Fenians n'ont pas réussi à sécuriser l'île, mais cela n'a pas dissuadé la confrérie. Au cours des 14 mois suivants, des assauts ambitieux à divers endroits dans l'Est et l'Ouest du Canada sont planifiés et mis en œuvre. En juin 1866, les Fenians connaissent leur plus grand succès lors de la bataille de Ridgeway. C'est ici qu'ils traversent la rivière Niagara et lancent une attaque contre les volontaires de la milice canadienne, qui comprend une compagnie des Queen's Own Rifles of Toronto (QOR). Les Fenians, avec des années d'expérience militaire, vainquent les soldats de la milice pour occuper la ville de Ridgeway avant de se retirer à Fort Erie. Alors que la bataille est synonyme de succès pour les Fenians, ils étaient toujours incapables de prendre pied au Canada.
Dans un autre volet de l'histoire canadienne possiblement lié aux Fenians, Thomas D'Arcy McGee, un Irlandais canadien et l'un des Pères de la Confédération canadienne, est assassiné devant sa maison à Ottawa en Ontario le 7 avril 1868. Contrairement à de nombreux Canadiens d'origine irlandaise, McGee était un ardent défenseur de la domination coloniale britannique et a condamné avec véhémence les actions de la Fraternité des Fenian. Par conséquent, McGee avait de nombreux ennemis au sein de la communauté irlandaise, et on a longtemps supposé qu'il a été assassiné par un fenian canadien radical qui le considérait comme un traître au mouvement indépendantiste irlandais. Au lendemain de l'assassinat, James Patrick Whelan est arrêté, jugé et reconnu coupable du meurtre. Tout au long du procès et jusqu'à sa mort, Whelan déclare à plusieurs reprises qu'il n'a pas commis le crime. D'ailleurs, il n'a jamais été prouvé qu'il était un fenian.
Les Fenians lancent d'autres raids en 1870 et 1871, espérant remporter le soutien de Louis Riel et de la résistance Métis, mais au cours de ces attaques, les Fenians sont en nombre inférieur et ne s'en sortent pas bien. Au fil du temps, la Fraternité fénienne s'éffondre et tandis que d'autres groupes indépendantistes la remplace, le Canada n'est plus menacé par leurs actions. En fait, les raids des Fenians mettent en lumière le manque de sécurité nationale. Les raids, ainsi que plusieurs autres facteurs, conduisent à l'amélioration de l'entraînement des miliciens et, plus important encore, à la création de la Confédération du Canada en 1867.
Pour en savoir plus sur les raids des Fenians, lisez cet essai en trois parties par Esprit de Corps.
Ressource d'apprentissage: Feuille de travail Q & R sur les raids des Fenians (Taxonomie de Bloom)
Photo principale: La charge des Fenians (portant des uniformes verts) sous les ordres du colonel John O'Neill à la bataille de Ridgeway, près de Niagara, le 2 juin 1866 (Crédit : Bibliothèque et Archives Canada).
[1] Le même jour de retour à Toronto (alors souvent appelé le « Belfast de l'Amérique du Nord »), les tensions irlandaises ont conduit à une émeute lors du défilé de la Saint-Patrick (plus d'infos cliquezici). Thomas D'Arcy McGee était également dans la ville pour prononcer un discours et sa présence a probablement accentué la tension. Ces événements sont évoqués ici car ils ont facilité la diffusion des idées des Fenians.